Le dimanche 8 septembre 2024 se tenait la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques, et avec elle se fermait une parenthèse enchantée qui a prolongé celle des Jeux Olympiques Paris 2024, quelques semaines plus tôt. Avec une différence toutefois – un bonus en quelque sorte – celle de forcer l’admiration, par des performances sportives époustouflantes certes mais aussi des émotions décuplées.
Des émotions et une admiration sans limite, car les athlètes et champions paralympiques représentent une catégorie de performers hors normes. Ce sont aussi, très souvent, des histoires de vie hors du commun, de résilience, d’abnégation, de dépassement de soi, envers et contre tout et tous. En quelques jours seulement ils ont donc changé notre regard sur la notion de handicap, durablement, et avec, espérons-le, des conséquences concrètes sur la construction d’une société et d’infrastructures plus inclusives.
Ce même jour, hasard de calendrier, se tenait une Masterclass portant sur le thème Lâcher-prise et présence en coaching, organisée par l’Institut de Coaching International (ICI, Genève), animée par Mme Sandrine Saliba (coach MCC) et réunissant environ 200 participants. Journée riche en partages, expériences, rencontres, comme il se doit. Chacun fera son analyse et son cheminement. Disons en substance que le lâcher-prise implique une forme de renoncement à vouloir, ou anticiper, quoi que ce soit si ce n’est d’être pleinement présent pour le client. Laisser place à l’écoute et l’intuition, suspendre son jugement et, d’une certaine manière, mettre en suspens notre propre carte du monde pour accueillir celle de l’autre, pour changer notre regard et accompagner le client à faire évoluer le sien.
48h plus tard – 10 septembre – nous organisions au sein de la communauté Be-eCoaching une soirée de pratique de Flash coaching.
A la lumière de ce qui précède et de nos échanges préparatoires avec ma co-animatrice (Ms. Hanan Azizi) nous proposions alors de poser une intention à cette soirée : « changer de regard ». En l’occurrence changer de regard sur l’art du flash coaching. En effet, qu’est-ce qu’un flash coaching ? Est-ce coacher pendant 20mn (ou la durée allouée, 30, 40mn) ? Ou est-ce adopter une cadence de coaching permettant de dérouler un processus dans le laps de temps consacré ? En fin de compte, est-ce que cela change quelque chose ? Ou est-ce plus ou moins du pareil au même en réalité ?
Mais, avant tout, disons le une bonne fois pour toutes, en matière de coaching comme dans tout autre domaine, il y a la théorie – les normes et l’excellence académique qui servent de référence aux formations, examens et certifications – et il y a la pratique. La magie du coaching, l’effet « waouh », ne s’accommode pas nécessairement d’un carcan. Ce carcan il faut bien sûr l’avoir assimilé pour développer notre propre couleur de coach, l’art et la manière de faire, et se permettre juste d’être, à moins qu’il ne s’agisse aussi d’être juste. Finalement c’est en lâchant prise que l’on peut être pleinement présent et que l’on offre un espace de liberté à notre client, sans jugement, en pleine confiance, on lui permet à lui aussi d’être, dans l’instant présent. Appelons cela du coaching socratique ou coaching pur, avant que l’on y mette 1001 variations et couleurs de coaching (« outils », méthodes, approches), et in fine un mix entre coaching et d’autres modes d’accompagnement (cela fera l’objet d’un autre texte).
Revenons donc au flash coaching. Que se passe-t-il dans ce que nous venons de décrire ?
Le plus petit dénominateur commun quelle que soit notre approche spécifique du flash coaching par ailleurs, notre seule ambition, n’est-elle pas de faire évoluer le regard de notre client, même imperceptiblement ?
La contrainte de temps aurait-elle alors le mérite de nous faire lâcher prise et/ou de nous faire aller à l’essentiel, et concrètement, de mettre entre parenthèses les mots clés du cérébral : objectifs, résultats, étapes, plans d’action. De nous faire dépasser certaines croyances limitantes aussi (normes sociales, pudeur, politesse/retenue, etc.). Tout ceci se traduisant in fine par « je dois… », « faire… »… plutôt qu’être et aller à la racine des choses.
Pour en revenir à notre séance, changer de regard s’est traduit par diverses perspectives. Toutes originales et intéressantes. Quelques exemples :
- Changer de regard grâce à la position méta, en prenant de la hauteur, elle permet d’examiner ce qui se joue ici et maintenant pendant la séance et de partager un reflet systémique (qu’est-ce que ça dit de lui/elle de manière générale ?). C’est une manière subtile de renvoyer une image de lui-même à un client sur un aspect délicat de sa personnalité, son comportement (bavard/loquace, mutique, pensée complexe, colérique, etc.) de manière respectueuse toujours mais possiblement confrontante.
- Changer de regard en faisant appel à nos autres sens. Couper la vue pour se concentrer sur l’audition par exemple, les mots, ce qui est dit, mais aussi, peut-être et surtout ce qui n’est pas dit : la tonalité, les vibrations, les modulations, en somme, aussi, laisser la place aux émotions, les identifier, les accueillir. Ainsi, changer de sens (VAKOG) lui permet aussi de trouver un autre sens, de poser un autre regard.
- Une dernière idée, contre intuitive donc puissante. On parle souvent d’offrir à nos clients un espace de liberté, mais sécurisé. En somme, y compris et surtout en flash coaching, nous posons le cadre – sécurisant – pour nous en affranchir. Ce cadre implique la confiance, une alliance forte avec le client, mais aussi des permissions. Il permet son cheminement, verbalisé ou non, le silence devançant souvent une prise de conscience, donc, encore une fois, un autre regard.
Que retenir de tout ceci ? Peut-être cette formule lapidaire mais profonde de Lao-Tseu : « la façon de faire est d’être ». De l’importance de l’authenticité et de la présence dans nos actions, et plus encore dans nos relations aux autres, entre un coach et son client tout particulièrement.
Crédit photo – Murs d’escalade – photo de l’auteur – car là aussi il faut souvent changer de regard, de posture, pour arriver au but, au sommet…